Commençons par le cas d’un Univers plat, contenant uniquement de la matière non relativiste. C’est le modèle dit d’Einstein et de Sitter. C’est le plus simple auquel on puisse penser en 1930. La première équation de Friedmann s’écrit :
Avant d’intégrer cette équation différentielle, rappelons nous que les paramètres de densité d’énergie sont liés par une relation de fermeture (70). Par conséquent, dans un Univers plat avec seulement de la matière, on a Ωm0=1. Intégrons maintenant l’équation différentielle :
Supposons que l’Univers est vide, ou du moins avec une densité d’énergie totale très faible devant la densité critique. Alors l’Univers doit être courbé puisque dans ce cas :
La cosmologie moderne est née avec la Relativité Générale. Depuis l’écriture de ces équations, les scientifiques ont commencé à décrire mathématiquement l’univers comme un système physique. De nombreux modèles ont été proposés pour décrire les différentes histoires de l’univers. Dans ce chapitre, nous allons passer en revue certains d’entre eux.
Pour un univers avec seulement de la matière non relativiste, Pm=0. S’il est statique, alors a¨=a˙=0 et la seconde équation de Friedmann s’écrit donc :
Ainsi, pour obtenir un univers statique, Einstein a dû introduire une constante cosmologique non nulle. De plus, nous déduisons que c2k/a2>0 donc k=+1 : l’univers statique doit être sphérique. À l’origine, Einstein soutenait que l’univers devait être borné en utilisant le principe de Mach[2], la solution d’un Univers sphérique paraissait donc satisfaisante de ce point de vue.
Le facteur d’échelle peut être associé au rayon de l’univers sphérique. Avec la seconde équation de Friedmann, nous trouvons que la valeur du rayon est :
Considérons une perturbation du rayon, a=Λ−1/2+δa, qui induit une perturbation de la densité de matière sur la sphère ρm=ρ0+δρ=c2Λ/4πG+δρ. Cette dernière équation devient
L’univers de de Sitter croît exponentiellement avec le temps.
Pour montrer qu’un univers de de Sitter peut être considéré comme un univers statique, écrivons T0=c2Λ/3 et changeons les coordonnées r′(t)=a0et/T0σ. La métrique FLRW devient alors
Historiquement, le modèle de Sitter a été découvert comme un univers statique avec ce système de coordonnées, dont la forme ressemble beaucoup à la solution de Schwarzschild. Dès que l’idée d’un univers en expansion a été admise par la communauté scientifique, l’univers de Sitter a été considéré sous sa forme dynamique, comme un univers en expansion exponentielle dominé par la constante cosmologique.
Lorsque a est petit, nous constatons que a¨ est négatif et que l’expansion décélère. Cependant, lorsque a est grand, a¨>0 et l’expansion de l’univers s’accélère. La transition se produit à :
L’expansion de l’Univers est aujourd’hui bien décrite par le modèle ΛCDM plat (Ωk0=0). Les proportions de chacune de ces composantes sont aujourd’hui évaluées à Planck Collaboration et al. (2020):
Concernant la matière froide, celle-ci peut être séparée en deux contributions: la matière sombre Ωc0=0.264 et la matière baryonique[^baryons] Ωb0=0.049.
Cette dernière équation ressemble à l’équation de conservation de l’énergie mécanique pour un corps massif suivant un mouvement unidimensionnel. Faisons l’analogie :
21Ωk0 est constant avec a peut être identifié comme l’énergie mécanique conservée du corps massif
21H02a˙2 représente l’énergie cinétique du corps massif.
−21aΩm0 ressemble à un potentiel gravitationnel centré autour de a=0.
−21a2Ωr0 est un autre type de potentiel attractif.
−21ΩΛ0a2 est un potentiel harmonique inversé (répulsif) centré autour de a=0.
Figure 1:Energies potentielles dans le cas d’un univers sphérique avec Ωm0=1.
D’après la figure Figure 1, la solution d’Einstein à a=a0 est instable.
Table 1:Energies potentielles dans le cas de modèles à matière seule avec différentes courbures : (en haut à gauche), Ωm0=1.5⇒k=+1 (en haut à droite), Ωm0=0.5⇒k=−1 (en bas)
En analysant les trois tracés de la figure Table 1, nous pouvons dire qu’un univers sphérique composé uniquement de matière s’effondrera nécessairement à un moment donné, quelles que soient ses conditions initiales (nécessité pour Einstein d’ajouter la constante cosmologique). Un univers plat en expansion s’étend indéfiniment et arrête asymptotiquement son expansion à t→∞. Un univers hyperbolique en expansion s’étend également à l’infini.
Le facteur d’échelle de transition est donné par :
Table 2:Energies potentielles dans le cas de modèles à matière seule avec différentes courbures : (en haut à gauche), Ωm0=1.5⇒k=+1 (en haut à droite), Ωm0=0.5⇒k=−1 (en bas)
Selon les valeurs des paramètres, l’échelle de transition se produit dans le futur ou dans le passé. Si la constante cosmologique est positive, les univers en expansion ont une expansion décélérée et, après l’échelle de transition, une expansion accélérée. Si la constante cosmologique est négative, l’univers doit s’effondrer après un certain temps.
Pourquoi l’Univers est-il donc en expansion aujourd’hui? Cela dépend entièrement des conditions initiales, donc en particulier parce que l’univers est né d’un Big Bang. Et pourquoi il y a eu un Big Bang ? On peut laisser libre son imagination: collisions de branes, Dieu, souris pan-dimensionnelles... mais la réponse n’est pas (encore) donnée par les sciences physiques.
On a a(t)⇒0 quand t→−∞ donc l’âge de l’univers est infini dans le modèle de Sitter.
La valeur d’Einstein de-Sitter est incompatible avec la mesure de l’âge des premières étoiles avec une telle valeur de H0. Cependant, le modèle ΛCDM est en accord avec le modèle de “l’univers vide”. Cependant, dans l’“univers vide”, l’hypothèse que la matière ne joue aucun rôle est très forte.
La première mesure de la constante de Hubble était incompatible avec les mesures de l’âge de la Terre. Les premiers modèles cosmologiques ont donc été affectés par ce fait tant que la mesure de la constante H0 n’était pas corrigée.
En physique théorique, en particulier dans les discussions sur les théories de la gravitation, le principe de Mach
est le nom donné par Einstein à une hypothèse imprécise souvent attribuée au physicien et philosophe Ernst Mach.
L’idée est que les cadres inertiels locaux sont déterminés par la distribution de la matière à grande échelle.
Planck Collaboration, Aghanim, N., Akrami, Y., Ashdown, M., Aumont, J., Baccigalupi, C., Ballardini, M., Banday, A. J., Barreiro, R. B., Bartolo, N., Basak, S., Battye, R., Benabed, K., Bernard, J.-P., Bersanelli, M., Bielewicz, P., Bock, J. J., Bond, J. R., Borrill, J., … Zonca, A. (2020). Planck 2018 results - VI. Cosmological parameters. A&A, 641, A6. 10.1051/0004-6361/201833910
Hobson, M. P., Efstathiou, G. P., & Lasenby, A. N. (2006). General Relativity: An Introduction for Physicists. Cambridge University Press. https://books.google.fr/books?id=5dryXCWR7EIC